Vingt-cinq ans après sa sortie initiale, L’Amerzone revient sur le devant de la scène vidéoludique avec un remake moderne, fidèle à l’œuvre originale de Benoît Sokal. Cette version PS5 nous plonge à nouveau dans le récit d’un journaliste lancé sur les traces d’un vieil explorateur rongé par le remords. À travers un pays fictif oublié, l’Amerzone, le joueur mène une enquête poétique et introspective, à la recherche des mythiques Grands Oiseaux Blancs, symboles d’une nature déchue. Ce retour, ambitieux et respectueux, s’adresse avant tout aux amateurs d’aventures narratives contemplatives, mais risque de laisser les joueurs les plus impatients sur le bord de la route.

Une direction artistique modernisée et respectueuse – 16/20
Graphiquement, L’Amerzone bénéficie d’une refonte très soignée. Sans verser dans la surenchère technique, le jeu affiche des environnements détaillés, baignés dans une lumière subtile qui accentue le sentiment de solitude et de mystère. Le design général respecte l’imaginaire visuel de l’œuvre d’origine tout en modernisant ses décors et personnages. Les lieux visités, tantôt luxuriants, tantôt en ruines, sont riches en textures et en atmosphères. C’est un réel plaisir de redécouvrir cette terre imaginaire, à la fois étrange et familière, qui appelle à la contemplation. Les cinématiques de l’époque sont enfin devenue du temps réel et l’univers de Benoît Sokal prend réellement vie ! Une très belle surprise visuelle.

Une histoire empreinte de remords et de poésie – 16/20
Le scénario de L’Amerzone – Le Testament de l’Explorateur reste fidèle à l’œuvre de Benoît Sokal, tout en bénéficiant d’un enrichissement discret mais bienvenu. On y incarne un jeune journaliste venu recueillir les dernières paroles d’un vieux scientifique rongé par le remords. Ce dernier nous confie une mission étrange : restituer un œuf sacré à un peuple oublié, dans une région reculée d’Amérique du Sud. À travers cette quête initiatique, c’est tout un pan de son passé qui se dévoile, entre erreurs coloniales, rêves brisés et quête de rédemption. La mise en scène, bien que sobre, gagne en impact grâce à de nouvelles cinématiques et à une narration environnementale plus soutenue. Loin des récits classiques d’aventure, L’Amerzone propose une fable mélancolique sur l’héritage, la culpabilité et le rapport à la nature, servie par une écriture sensible et une atmosphère unique.

Un gameplay contemplatif et parfois exigeant – 14/20
L’Amerzone repose avant tout sur l’exploration, la lecture de documents, les dialogues et la résolution d’énigmes. Si certains puzzles se révèlent bien pensés, d’autres souffrent d’un rythme un peu trop lent ou de mécaniques datées, malgré les efforts de modernisation. Le titre propose deux modes de difficulté : « Aventure » pour les amateurs de défis cérébraux, et « Voyage » pour ceux qui souhaitent avant tout s’immerger dans l’histoire sans frustration. Une bonne idée qui permet à chacun d’adapter son expérience, même si la lenteur générale du gameplay – volontaire – pourra en rebuter certains. On apprécie malgré tout de se déplacer en temps réel et que les cinématiques de transition puissent être passée pour éviter d’alourdir trop la lenteur des déplacements d’un tableau à l’autre.

Une ambiance sonore immersive mais sobre – 15/20
Côté ambiance sonore, le jeu adopte une approche mesurée. Les musiques, rares mais bien choisies, soutiennent l’étrangeté et la poésie de l’univers sans jamais prendre le pas sur l’exploration. Les bruitages environnementaux sont immersifs, renforçant la sensation d’isolement dans cette terre oubliée. Les doublages sont convaincants, notamment le personnage de l’explorateur, dont la voix fatiguée et pleine de regrets donne une profondeur émotionnelle à l’histoire. Une très bonne VF ! On pourra néanmoins regretter un certain manque de variété musicale au fil de l’aventure.
Une durée de vie raisonnable pour une aventure linéaire – 13/20
L’aventure peut être bouclée en une dizaine d’heures, voire un peu moins en mode « Voyage ». Le rythme est posé, laissant la place à l’exploration et à la réflexion. Il n’y a pas d’embranchements ni de rejouabilité particulière, mais la richesse du lore, des textes et des dialogues invite à la curiosité. Le jeu se vit davantage comme un récit interactif que comme une aventure à objectifs multiples. Ceux qui accrochent à son ambiance en ressortiront comblés, les autres risquent d’abandonner avant la fin.
Ma conclusion sur L’Amerzone – Le Testament de l’Explorateur – 15/20
L’Amerzone – Le Testament de l’Explorateur sur PS5 est un très bel hommage à l’œuvre originale. Visuellement réussi, respectueux dans son propos et enrichi sur le fond, il ravira les amateurs d’histoires mystérieuses, de récits humanistes et de mondes imaginaires. Mais son rythme lent, sa forte présence textuelle et son gameplay contemplatif en font une expérience de niche, qui ne conviendra pas à tous les publics. Si vous êtes prêt à prendre votre temps, à lire, à observer et à réfléchir, alors ce voyage en Amerzone pourrait bien être inoubliable.